LE KAZAKSTAN OU " UN AUTRE MONDE EST IL POSSIBLE ?"
29 OCTOBRE 2014



Après 5h de vol sur Air Astana où le personnel était à nos petits soins (sensation bizarre après 50 jours de vagabondage et de débrouille). Nous voilà à Almaty, ancienne capitale du Kazakstan.

Le nom « Almaty » signifie « riche en pommes ». L'ancienne version soviétique, « Alma-Ata », signifiait quant à elle, littéralement, « Grand-Père-Pomme ».

Nous sommes dans le berceau ancestral de ce fruit. La pommier, originaire des environs d'Almaty, y forme des forêts entières en cohabitation avec d'autres espèces de pommiers sauvages ; de récentes analyses d'ADN prouvent qu'il est l'ancêtre de la pomme cultivée d’aujourd’hui (via wikipedia).

Fini l’ambiance feutré de l’avion, les abords d’Almaty montrent une certaine pauvreté où beaucoup de maisons sont réalisées par assemblage de taules ondulées. Le centre lui est plus moderne, organisé en différent blocks, il est agréable de marcher dans les rues, les arbres sont nombreux et donne une image chaleureuse à cette partie de la ville. Après un passage au consulat de France, il est temps de reprendre le stop. Lolo marque sur notre ardoise la ville la plus proche d’Almaty et celle de Bishkek à 5H de route on sait jamais. Les voitures s’arrêtent les unes après les autres, mais tous les conducteurs ne sont intéressées que par l’argent ! D’ailleurs ils préfèrent nous amener à Bishkek car pécuniairement c'est plus intéressant ! Quand on leur dit « unas nes dirig (nous n'avons pas d'argent)» le regard intéressé se transforme en regard hébété voir de colère.

Il est temps de faire appel au G2 (Sommet international entre Lolo et JD, oui oui on se la joue beaucoup). Le G2 est unanime: il est impossible de faire du stop dans ces conditions. Nous faisons du stop pour le plaisir de la rencontre humaine, avant d’être une raison économique. Donc notre décision est prise, on est prêt à participer au frais mais pas que ce soit un business.

Fiers de défendre les valeurs qui animent notre voyage, nous décidons de rejoindre la gare routière à pieds où on décidera comment atteindre la frontière. Toutefois dans cet environnement notre croyance «Qu’un autre monde est possible » en prends un coup dans l’aile.

Sur la route nous interpelons un conducteur de bus qui attend l’heure de son départ pour demander notre chemin. Il nous fait comprendre en Russe et par geste qu’il passe pas très loin de la gare et qu’il est prêt de nous prendre gratuitement ! Whouhahou notre premier Bus stop !!! Un jeune homme se lève en nous disant dans un anglais approximatif (un peu comme le notre) qu’il nous indiquera l’arrêt. On reprend un peu espoir…

Malheureusement au fil des arrêts, le bus est de moins en moins vivable. Même à Istanbul nous n’avons jamais été aussi serré, inexorablement nous nous éloignons l’un de l’autre. La route est toute bosselée, la circulation est intense et klaxonnante, rien à voir avec les bouchons de chez nous, ici pas de voie de circulation, les voitures sont dans tout les sens un peu comme nous…

J’attends dans le brouhaha la voix de notre jeune Kazak dire à Laura « the next » (le prochain pour ceux qui sont encore moins fort en anglais que nous lol). Nous nous cherchons du regard pour se dire « il est fou !!! Impossible de sortir de là surtout avec nos sacs ! » Le bus s’immobilise et notre jeune Kazak prends sa grosse voix hérité de ces ancêtres cavaliers et semble dire en russe « attention touristes qui doivent descendre! ». Là tel Moïse partageant les eaux, la foule se partage en deux pour nous laisser le passage central sous nos yeux ébahis. Mais comment font-ils pour se serrer encore plus, nos gros sacs écrasent leurs pieds, tapent leurs tibias et pas un seul pour râler ou nous regarder de travers… Un vrai moment à vivre pour y croire ! Le moment devient encore plus magique quand à notre descente du bus nous voyons au loin les montagnes enneigées éclairées par la lumière dorée du soleil couchant.

Le jeune homme qui aurait pu nous laisser là pour remonter dans le bus tient à remplir sa mission en nous amenant au plus prés de la gare. 5 minutes après la traversée de routes encombrées et de trottoirs abîmés il nous montre du doigt la gare et repart humblement en direction de l'arrêt de bus, juste après un petit sourire pour nous dire au revoir sans rien nous demander en retour ni autre fanfaronnade. Nous restons là impressionnés par tant de simplicité. C’est dans un moment où l’argent semble maître de l’homme que l’un des plus beau moment d’humanité éclaire notre chemin et nous redonne envie de croire qu’ « un autre monde est possible".

A la gare de Sairan c’est le retour à une certaine folie. On a l’impression de se trouver en plein milieu d’une foire au bus où devant chacun d’eux un homme crie sa destination à la manière d’un poissonnier dans nos vieux marchés. Malgré cette compétition aux clients les « gouailleurs » semblent s’entendre à merveille.

Nous partons à la quête d’information sur les prix des bus pour bishkek. Au hasard on choisit le guichet 5 qui nous dit d’aller voir au guichet 3, le 3 au 1 et au 1 d’aller voir une dame assise sur une petite table de l’autre côtés de la gare, à cette table elle nous dit demander directement au bus là bas !!! ...


Avec une idée du prix, on se trouve une rangée de fauteuil pour dormir et nous décidons de dormir par alternance pour plus d’assurance, surtout que l’agent de sécurité n’a pas l’air d’apprécier les gens qui dorment dans la gare. Lolo joue la diplomatie en disant qu’on attend le prochain bus pour bishkek et quand c’est au tour de Lolo de dormir je joue le touriste qui comprend rien du russe (ce qui n’est pas faux) et qui parle beaucoup, pour plus de contenance je lui sors la recette du gloubiboulga suivi de celle du cassoulet. A force il abandonne avec un ok ok … et s’en va saoulé de paroles. Une nouvelle journée qui restera dans nos mémoire !
 

 
AUTRES PHOTOS KAZAKHSTAN